Voilà qui suffirait à décrire de façon synthétique le projet Délaissés, initié l'an dernier avec DoG. Il a en réalité une double origine. L'une d'elle est notre commun amour de certain plateau du centre de la France, plateau dont nous tairons le nom de peur d'y voir soudain affluer le bobo en cas d'explosion bien improbable de nos statistiques. L'autre est l'affaire dite de Tarnac, tellement inique qu'elle me retourna les sangs pendant des mois, jusqu'à me rendre presque physiquement malade. Au-delà de l'aspect politique, l'idée même qu'une horde de flics puisse impunément venir piétiner nos bruyères me révulse comme une insupportable profanation. D'où l'idée commune d'établir, au moins virtuellement, une sorte de République libre du Plateau de M. Virtuellement car, comme nous l'ont alors fait remarquer quelques âmes sensées, nous n'habitions même pas le plateau en question, aussi, de quoi nous mêlions-nous ? De ce qui nous regarde, puisqu'il s'agit de nos désirs et de nos rêves.
Après avoir beaucoup discuté, nous avons préféré la forme romanesque à l'utopie stricto sensu. Il s'agit pourtant bien d'une utopie : une zone blanche, effacée des cartes, sur laquelle s'organise et prospère un réseau de communautés indépendantes de tout pouvoir. Mais le roman nous permettait de l'aborder de façon plus souple et vivante, voire même, en la confrontant à certaines difficultés ou contradictions, de la remettre en question.
Nous avons donc ouvert deux blogs, un pour chacun, où la même histoire se trouve racontée de deux points de vue différents : celui de Camille, venu de l'extérieur, et celui de Lu, née sur le Plateau.
Même si nous en avons la trame générale en tête, virtuellement, notre histoire n'a pas de fin. Non seulement chaque aspect de la vie des Délaissés devrait pouvoir être évoqué ou décrit mais encore le projet pourrait idéalement compter autant de blogs qu'il y a d'habitants sur notre Plateau imaginaire. Autant dire qu'il s'agit d'un projet de longue haleine. Sur le modèle de L'Astrée d'Honoré d'Urfé - notre vénérable ancêtre en idyllique isolement, Les Délaissés pourrait comporter des milliers et des milliers de pages !
Mais nous n'en sommes pas là et n'y serons probablement jamais. La graine est néanmoins semée et les histoires parallèles de Camille et de Lu ne sont, espérons-le, que les premiers cotylédons d'un arbre gigantesque et majestueux.
Une précision quant au titre : il réfère bien évidemment à la notion de délaissé chère au "jardinier planétaire" Gilles Clément, soit un espace non cultivé où prolifère de manière autonome une véritable diversité des espèces, et non à une quelconque victimisation de nos personnages...
Euh, l'autre il a dit "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement"... Merci pour lui.
RépondreSupprimerC'est exact (j'ai parfois de ces emportements verbeux). C'est-y mieux comme ça ?
RépondreSupprimerAh ben oui, même si on pourrait sans doute encore alléger (vers là où vous parlez de pas alourdir justement...), et puis bon, quand on veut communiquer avec tout le monde, on peut aussi écrire "flic" normalement (on le sait que vous avez relu Boris Vian au CP...)
RépondreSupprimerVos désirs sont des ordres...
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