jeudi 25 juillet 2013

Bibliothèque des Délaissés. 8

Brian Aldiss Terrassement. - Librairie des Champs-Élysées, 1979.

Plus nous avançons d'un pas décidé dans nos Délaissés, plus ils prennent un air de millefeuille, de gros club sandwich entrelardé d'influences, d'échos et de références que cette Bibliothèque, en réponse à celle du livre, tâche d'expliciter à doses légères.
Avec ce petit roman un peu foutraque du grand Brian Aldiss, on passe carrément de la réminiscence au plagiat par anticipation - comme disent les pataphysiciens - car, promis-juré, nous ne l'avions pas lu avant d'imaginer notre grand chambardement - comme dit Guy Béart. Ces villes surpeuplées, ces campagnes dévastées, livrées à une agriculture ultra-industrialisée et, surtout, ces Voyageurs qui ont quelque chose de Délaissés moins chanceux, tout indique qu'Aldiss possédait une quelconque machine à voyager dans le temps grâce à laquelle il nous a fait la nique. Il n'est jusqu'au triste narrateur de cette histoire, le bien nommé Knowle Noland, qui n'ait plus toute sa tête, à l'instar de notre Lulu. Après, bien sûr, on les connaît ces auteurs de science-fiction anglais né en 1925 : il faut toujours qu'ils poussent tout au noir. Continents ravagés, humanité percluse, réduite à la famine dans une ambiance franchement concentrationnaire, où la maladie devient un standard de vie... à côté notre pastorale prend des allures d'utopie petite-bourgeoise !
En ce qui concerne le roman lui-même, on est évidemment assez loin des ambitions de la trilogie d'Helliconia ou des complexités hallucinatoires de Cryptozoïque. À l'image de la quasi-totalité des personnages, qui semblent toujours à deux doigts de passer l'arme à gauche, l'histoire tient à peine debout. Mais on a là un assez bon portrait de l'enfer et, après tout, cela suffit à notre bonheur : preuve est faite une nouvelle fois qu'on nous enterre un peu vite ! Si bas soit-elle tombée, notre humanité garde de la ressource et peut toujours en remontrer sous le rapport de la survie à ces deux braves cousins que sont le cafard et la mouche à merde.
Nous voilà rassurés.

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