jeudi 7 juillet 2011

Potomanie

H. J. Magog Les buveurs d'océan. - J. Tallandier, cop. 1926.

Ah ! Les années 20 ! Heureux temps où les héros s'appelaient encore Jean d'Entrevaux, leur valet de chambre Guilledou, où le péril était encore jaune. En l'espèce un affreux Docteur Kasuga qui, pour le compte d'un Japon déjà maître de l'Asie (nous sommes en 2050), n'entreprend rien moins que de débonder l'Océan Pacifique pour l'engloutir dans le feu central et offrir à la conquête un nouveau et immense continent. Mais ce serait compter sans le courage indomptable d'un jeune diplomate français dont le diable jaune cherche en outre à ravir la fiancée ! On fera au passage la connaissance de Mr Big, belle figure de savant fou (et véritable maître d'œuvre du projet) qui, voyant plus loin que le bout du nez camard de son maître, espère bien, mais avec flegme, que toute cette eau brusquement déversée dans le magma fera sauter la chaudière ! Naturellement, il n'en sera rien et les Japonais, bien feintés, devront se contenter de faire péter leurs propres centrales en 2011.
Hasard ou influence, et toutes disproportions gardées, l'intrigue n'est pas si loin de celle du Formidable événement de Maurice Leblanc (publié en 1921), qui voit l'apparition d'une nouvelle terre reliant la France et la Grande Bretagne. Même si, évidemment, H. J. Magog ne joue pas tout à fait dans la même catégorie que l'auteur d'Arsène Lupin, il n'en reste pas moins un romancier populaire de la plus belle eau (salée), dont, comme il se doit, la fantaisie ne se laisse brider que par les ressorts habituels du genre. Ainsi, dans L'homme qui devint gorille (1930), imagine-t-il la spectaculaire transplantation d'un cerveau humain dans un corps de gorille ! François Rivière ne s'y était d'ailleurs pas trompé qui, dans les années 70, avait réédité les deux titres dans la collection Marginalia (Glénat).
Reste qu'il sera toujours plus agréable de lire ces livres-là dans une édition d'époque (que l'on aura bien sûr payé une misère dans un dépôt-vente ou un vide-grenier), dont tout concourt à donner au texte un charme et une patine qui se diluent un peu à la réédition : l'illustration de couverture, bien sûr, mais aussi le papier, l'impression pâlie, la reliure qui tient par le seul fil de l'intrigue... Tout cela forme un ensemble qui n'est pas pour rien dans l'amitié distinguée que nous portons au roman populaire. Il n'est pas certain que, publiée aujourd'hui par un auteur contemporain et même soutenue par une vigoureuse campagne de publicité, la même histoire de buveurs d'eau m'intéresserait tant que ça. Et pourtant, croyez-moi, j'en ai bouffé du Bob Morane et du Perry Rhodan !

3 commentaires:

  1. potomanie, c'est quoi ce mot?
    Besoin maladif de boire abondamment des liquides de toutes sortes, survenant le plus souvent chez des sujets diminués mentalement, ah bon ? La potomanie est à l’origine de la polyurie (sécrétion d’urine en quantité abondante, et donc de l’augmentation du volume urinaire au-dessus de 2500 ml par jour) ben alors ? je suis un peu inquiete......

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  2. "payé une misère dans un dépôt-vente ou un vide-grenier" ?
    HAHAHAHA qu'il est drôle ce garçon !

    Moi je recherche les "Félifax" de Paul Féval depuis...pffff...passez-moi un mouchoir...

    Et même si je suis d'accord avec toi sur les vertus de la version originale, je vais néanmoins commencer à tanner Jean-Marc Lofficier qui s'est mis à la ré-édition (il faut fouiller pour trouver) :
    http://www.riviereblanche.com/index.html

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